L’imparfait existe.
Avec Sabrina BECONCINI
Ce projet a pris pour point de départ un ensemble de documents tirés d'archives personnelles et familiales, de productions personnelles, ainsi que d'objets chinés. Cet ensemble hétéroclite composé de Polaroïds, de stencils, de dessins, de cartes postales, d'affiches, de vinyles, de cartes et d'un dictionnaire, a vu naitre des sous-ensembles voués à devenir les chapitres d'un récit d'apparence autobiographique.
L'imparfait existe se présente sous la forme d'une installation composée d'un miroir placé au-dessus d'une table de type scolaire, sur laquelle sont disposés un dictionnaire de 1989, témoin du langage d'une époque, d'un livret cartographique ancien, non daté, de la ville de Strasbourg, de photographies de famille, d'une lettre manuscrite, d'un casque diffusant de vieux morceaux de musiques, ainsi que d'une platine vinyle portative dysfonctionnelle, accompagnée d'un disque vinyle pressé pour l'occasion.
Cette installation a pour vocation à questionner mon propre rôle et celui de celles et ceux qui me sont étrangers, dans le récit de ma vie. Le miroir inclut le reflet de celui qui lui fait face, à la constellation ainsi formée autour de dates, de lieux, de voix, de visages et de souvenirs. La platine est constamment allumée mais le moteur n'entraine plus le disque. La lecture est suspendue à une action. Le diamant, tel la plume du scribe suspendant l'écriture, attend qu'un autre vienne manuellement tourner le disque. L'étranger devient ainsi condition de l'œuvre et garant de la continuité de l'expérience. C'est sa main qui donnera à entendre deux voix lisant des passages de l'ouvrage Les souffrances du jeune Werther de Goethe, auxquels ont été additionnés quelques mots.
Une nouvelle communauté ouverte émerge ici, accueillant des morts, des non-nés, des personnages de fiction et des étrangers. Ensemble, ils participent alors au récit de ma vie, un récit qui n'est plus alors seulement auto-biographique.


